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La vie est une longue marche sans but
2 juillet 2015

Ionesco et l’oppression familiale.

 

J15       Dans les deux excellentes farces :  Jacques ou la soumission et sa suite, L’avenir est dans les œufs, Ionesco met en scène un  jeune homme qui ne veut pas jouer le jeu de la vie telle que la voient les familles.

S’opposant à  sa famille, il n'accepte pas de manger des pommes de terre au lard et de se marier. L'insignifiance de l'enjeu laisse entendre, sous un mode burlesque, que sa révolte n'est pas simplement oedipienne mais qu'elle est métaphysique. Bouleversé par le sentiment de sa finitude, et par la découverte du mal au sein de la création, Jacques refuse de perpétuer la vie, mais la pression de tous les membres de la famille, ligués contre lui, finira par triompher de ses résistances.

L’édition Folio est très bien commentée par M.-C. Hubert.

 

Voici un extrait de « l'avenir est dans les oeufs ».

Jacques «fils» et Roberte «fille» sont mariés depuis 3 ans 
mais ils n'ont pas «produit» d'enfants.
Les familles «se mobilisent».
Jacques père : Mon fils, ainsi tu vois, tous s'en vont...
Tu es notre unique et grand espoir!
Il faut, il faut remplacer ceux qui s'en vont ! Jacques fils : Pourquoi? Jacques père : Il faut assurer la continuité de notre race. Jacques fils : Pourquoi? Jacques père: La continuité de notre race... la blanche!
Vive la race blanche!
L'avenir de la race blanche est entre tes doigts. Il faut qu'elle
continue, qu'elle étende de plus en plus sa puissance... Jacques fils : Comment faire? Jacques père : Pour qu'elle s'étende, il faut l'empêcher de s'éteindre. Jacques fils : Par quel moyen? Jacques père : Par la production. Tout ce qui disparaît doit être
remplacé par de nouveaux produits, plus nombreux, plus variés encore.
C'est à toi de provoquer la production... Jacques mère : Mon enfant, pour que je sois fière de toi, provoque,
provoque la production.
Roberte prend un air gêné.
Robert père : Ma fille en est parfaitement capable, ainsi que je l'ai
officiellement déclaré. Jacques père : Nous verrons bien si les résultats de ces
trois années sont si fameux !
Jusqu'à présent, il n'y paraît guère !
Roberte, de plus en plus gênée prend cependant des poses extravagantes.
Roberte mère : Ma fille, voyons, ce n'est pas joli, devant
tout le monde.
Viens avec ta maman, je t'apprendrai. Il ne faut
qu'un peu de métier. Un peu. Jacques mère : Si mon expérience peut vous servir... Je suis à
votre disposition. Roberte mère à Robert père: Toi reste ici, avec ton gendre.
Si on a besoin de toi on t'appellera.
À Jacques père : Vous aussi, on vous demandera de l'aliment
si c'est nécessaire. Jacques père : J'en ai de l'aliment, j'ai encore des réserves,
s'il en faut.
Ils sortent et Roberte fait des gestes et prend des
attitudes de plus en plus extravagantes.
Jacques fils tend vaguement les bras vers elle, esquisse
une grimace comme un enfant qui aurait envie de pleurer.
Jacqueline, la sœur de Jacques fils, regardant sortir Roberte et sa suite:
Elle se montre déjà toute maternelle. Elle a de l'instinct. Robert père, à Jacques fils : Nous allons voir ce que tu vaux ! Jacques père : Jacques, mon fils, du courage. Produis! Sois un homme! Jacqueline : Allons, allons, mon frère, courage. Robert père : Allons, allons, sois un homme. Nous sommes tous passés par là. Jacques père : Dépêche-toi, ou tu auras affaire à moi ! Voix de Jacques mère : Mon Jacquot, Roberte est prête. Et toi? Voix de Roberte mère : Vous ne direz plus que c'est la faute de ma fille. Jacques père : Jacques, ne sois pas paresseux! Jacques fils :Je fais ce que je peux. Jacques père: Tu ne peux pas grand-chose. Jacqueline : Du cran, Jacques. Robert père, à Jacques père : Votre fils, Monsieur, ne vaut pas ma fille. Jacques père : Monsieur, les jeux ne sont pas faits. Vous parlerez après.

 

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La vie est une longue marche sans but
  • Réflexions sur l'inutilité de la vie et des souffrances qu'elle engendre, et sur la catastrophe d'être né, dans la ligne de E. Cioran et des nombreux auteurs qui ont pensé et pensent de même.
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